• Aujourd’hui,  j’aimerais évoquer un sujet qui nous parle tous plus ou moins : l’amour chaste, qui a notre époque peut paraître dépassé, ringard ou à contre courant…

     

    Assise dans sa salle de classe, les yeux divergeant vers la fenêtre, Madelaine tente d’écouter avec difficultés le cours d’histoire sur la prise du pouvoir en Chine communiste de Mao Zetung. Cette professeure n’est absolument pas passionnée par sa matière et ne passionne pas ses élèves non plus… Pourtant, Madelaine apprécie beaucoup l’histoire, mais la Chine, ce n’est pas son truc (surtout quand c’est enseigné par Madame Médale).

     

    10 heures 20, la sonnerie annonce l’heure de la récréation. Madelaine propose à Jean (un de ses très bons amis de lycée) de l’accompagner marcher dans le parc pour prendre un peu l’air.

    Quand Emilie se met à crier : 

    « JEAN, NE CHINE PAS TROP, MAD EST DÉJÀ MAQUÉE »

    Furieuse de cette réflexion déplacée et sans aucune classe, Madelaine lui dit d’un ton sévère :

    « Emilie, ce genre de commentaires, garde les pour toi. Ce n’est vraiment pas très fin, d’autant que je ne souhaite pas forcément que tout le monde soit au courant de mon histoire »

    Jean s’échappa discrètement de cette conversation de filles compliquées pour retrouver ses amis qui lui proposaient un rugby, quoi de plus passionnant pour un mec que de faire un rugby entre potes.

    Madelaine et Emilie se retrouvèrent donc seules face à face. Emilie était une fille que Madelaine appréciait beaucoup. Elles n’avaient absolument rien en commun. Elle était fille unique et habitait un HLM de la banlieue de Lyon, seule avec sa Maman, n’ayant jamais eu la chance de connaitre son père.  

    Elle est plutôt le genre de fille « facile » avec les garçons, elle dit facilement oui en soirées pour le verre de trop ou même pour le garçon de trop. Et maintenant, elle se retrouve à 18 ans avec un corps qui a été offert à plus de 5 garçons dans sa vie (pour ceux dont elle se souvient car les soirées trop arrosées peuvent parfois lui faire oublier certaines choses qu’elles auraient pu faire).

    Cependant, Madelaine apprécie beaucoup Emilie, car c’est une fille simple qui ne se pose pas trop de questions, qui ne pense pas seulement à la façade comme dans le milieu social dans lequel vit Madelaine.

    Cela lui fait du bien de parler avec des gens différents des « bons cathos » que l’on retrouve à la sortie de la messe chaque dimanche ou à la réunion guides ainées…

    Madelaine adore son milieu, mais parfois, cela fait du bien de voir ce qu’il se passe autre part, s’ouvrir vers des gens qui en ont besoin et qui n’ont pas la chance de vivre aisément comme beaucoup.

    Emilie regarda donc Madelaine et lui dit :

    « -Je suis désolée Mad, je ne voulais pas être maladroite… Jean était quand même au courant que tu avais un mec ?

    -Non, Jean n’est pas au courant. Et je ne veux pas que cette histoire devienne tout public. Je voulais que cela reste secret. Dans le secret de mon cœur. Tu sais Emilie, je pense que l’on n’a pas forcément les mêmes idées sur ces sujets mais je prends réellement l’amour comme quelque chose d’extrêmement sérieux. Ce que je vais te dire va peut-être te paraître ringard, mais j’aimerais aimer un seul garçon dans ma vie. Je ne veux pas parler de ma relation avec Erwan car je ne veux pas que le regard des autres se pose sur nous, je ne veux pas qu’il vienne salir notre relation. C’est à nous seuls de juger de notre histoire, c’est pour cela que je ne souhaite pas partager cela avec mes amis.

    -Je suis très flattée de le savoir alors !             

    - Si tu le sais, c’est bien parce-que tu te permets de prendre mon portable sans ma permission Emilie !

    - Mais Mad, ça fait combien de temps que vous êtes ensembles ?

    - Depuis cet été, fin août.

    - Et vous n’avez rien fait ensembles ? Autre que de simples bisous ?

    -  Où veux-tu en venir ?

    - En gros, vous n’avez jamais couché ensembles ?

    - Et bien non Emilie. Et cela va peut-être te paraître absurde mais je souhaite attendre le soir de mon mariage avant d’offrir mon corps à Erwan (si c’est la personne avec laquelle je vais me marier).

    - Mais comment tu vas attendre tout ce temps ? Tu te rends compte de la patience qu’il va te falloir ? Tu ne vas jamais y arriver !

    - Ah ma petite Emilie, ce n’est que la partie désirante de ton corps qui parle. Quand on veut, on peut ! Et j’ai bien l’intention de mettre tous les moyens en œuvre pour ne pas « tenter le diable » comme on dit.

    - C’est beau mais je ne pourrais jamais appliquer ça pour moi ! Tu sais, j’ai déjà couché avec plus d’un garçon et c’est vraiment génial, tu ne devrais pas attendre autant !

    - Et est-ce que tu le regrettes maintenant ?

    - Ca dépend de quels garçons… Le dernier était Richard, tu as déjà du le voir au lycée, il est en terminale S – 3. On était en boîte, j’avais beaucoup bu, lui aussi. Il m’a proposé de me raccompagner chez moi. Ma mère n’était pas là, il est entré dans l’appart et c’est allé très vite. Le lendemain, je me suis réveillée à côté de lui la bouche pâteuse de l’alcool pris la veille, le goût du tabac encore collé à mes dents. J’avais un mal de crâne insupportable. Je me suis retrouvée à côté de lui alors qu’on ne se connaissait presque pas, c’était tellement gênant et je t’assure que là, j’ai beaucoup regretté !

    - Emilie… Tu vois, tout va trop vite et tu ne respectes même pas ton propre corps en l’offrant si facilement à un garçon que tu connais si peu ou même pas du tout. Est-ce qu’une seule fois tu as gardé de bons souvenirs de cela ?

    - Oui, une fois. Avec Julien, je l’aimais et c’était vraiment de l’amour que je lui offrais cette fois-ci et pas seulement du désir mélangé à de l’alcool. On avait été au cinéma et je suis allée dormir chez lui. Ses parents étaient partis en week-end. J’avais 15 ans.

    - 15 ans ? Emilie, tu te rends compte, tu étais si jeune, encore une ado immature qui n’avait rien construit de sa vie, comment as-tu pu ? Et maintenant, tu ne vois plus Julien, tout est terminé entre vous. Tu ne crois pas que ça n’a servit à rien ? Offrir son corps, ce n’est pas rien. On offre son corps quand on est sûrs, quand on veut promettre à l’autre que l’on s’aime pour la vie. Comment peut-on se donner complètement à un garçon à 15 ans pensant qu’il est le bon ?

    - Oui, tu as raison. Même si l’on s’est aimés, c’est terminé maintenant entres nous… Je ne sais même pas ce qu’il est devenu Julien…

    - Et bien voilà Emilie, c’est l’exemple typique de la raison pour laquelle je ne fais « rien » avec Erwan comme tu dis. Car on s’aime peut-être, ça fait peut-être quelques mois que l’on est ensembles mais on n’ira pas plus loin car pour nous, offrir son corps est le plus beau cadeau que l’on puisse faire à l’autre. C’est donc pour cela que l’on veut attendre. Car on est encore trop jeunes, on n’est pas encore fondés et c’est si beau de conserver ce cadeau le plus longtemps possible pour pouvoir l’offrir un jour pleinement en l’ayant construit avant et en étant sûr que les gestes que nous poserons serons vrais et sincères.

    - Je trouve ça magnifique ce que tu dis Mad. Qui t’a inculqué tout ça ? Tu l’as découvert de toi-même ou ce sont tes parents ?

    - J’ai la chance d’avoir des parents qui m’ont beaucoup parlé de ce sujet comme quelque chose de vraiment sérieux et important. Un jour, Maman m’a parlé de son histoire avec Papa et m’a offert un livre « aimer en vérité ». Cela me ferait vraiment plaisir de te le prêter Emilie, je suis sûre que ça te ferait comprendre beaucoup de choses et pourrait même te faire changer su ce sujet !

    -C’est encore un de tes trucs catho ?

    - Oui, c’est catho ! Mais s’il te plaît, pour moi, pour me faire plaisir, lit-le ! Tu verras que les cathos ne sont pas seulement des coincés qui ne veulent pas coucher avant le mariage !

    - Tu me fais rire ! En attendant, c’est ce que tu souhaites faire.

    -Oui, mais en lisant ce livre, tu comprendras pourquoi on décide de faire ce choix.

    - Alors, j’accepte.

    - Merci Emilie, ça me fait plaisir, j’espère que l’on aura l’occasion d’en reparler ensembles. Il faut que tu changes sur ce sujet, tu es trop précieuse pour te donner si facilement ! Je sais bien que c’est dur de résister, bien sûr que c’est à contre courant de faire ce choix dans notre société mais ça vaut tellement le coup ! Imagine la joie le soir de ton mariage de pouvoir dire à ton mari « J’ai attendu tout ce temps pour toi, par amour pour toi ! Et j’ai réussi ! ». C’est une si belle preuve d’amour, tu ne trouves pas ?

    - Oui, c’est magnifique ! Mais c’est trop tard pour moi maintenant Mad !

    - Il n’est jamais trop tard. Tu peux encore te relever, tu peux y arriver ! Et je suis prête à t’aider, à t’accompagner dans la résistance de ce combat. Pourquoi tu ne pourrais pas le faire toi aussi ?

    -Tu es une fille superbe Madelaine, merci ! Je suis d’accord pour suivre ton chemin, même si je ne te promets pas d’y arriver ! »

     

     

    Et la sonnerie retentit le coup de 10 heures 40 qui sonnait la fin de la récréation. Tous les lycéens s’engouffrèrent dans les couloirs de l’école pour retrouver leur classe.


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  • Après ma longue absence, je suis de retour sur notre blog qui avait réellement besoin d’une petite visite !

     

    Tout d’abord, je voudrais vous souhaiter à tous un très bon tridum qui vient achever doucement le carême.  Ce carême aura été beau et très forgeant pour moi, j’ai pris la résolution de ne pas sortir pendant 40 jours, cela n’a pas toujours été facile… Mais j’y suis arrivée !

    Ce carême m’aura également beaucoup appris sur ma foi. Chaque jour, j’ai pris le temps pour Dieu. Chaque matin et chaque soir, j’ai pris le temps de lui dire à quel point je l’aimais, à quel point je rendais grâce pour ma vie si belle, pour ma bonne santé ou tout simplement la chance que j’ai de vivre, la chance que j’ai d’avoir des parents qui m’aiment autant, d’avoir des frères et sœurs aussi bons avec moi, d’avoir une famille qui s’aime et qui ne connait pas la rupture.

    Pour tout cela, le Seigneur m’a appris particulièrement pendant ce carême à m’en rendre pleinement compte.

    Ce carême aura été source de réconfort, d’amour, de pénitence pour moi !

    Pour tout vous dire, j’ai même réussi à aller me confesser, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Quelle libération lorsque nous sortons du confessionnal ! J’ai réellement senti le Seigneur venir poser sa main sur mon cœur qui avait eu si mal et qui avait tant péché. Je me sentais comme transportée par sa force et son amour.

    Et pourtant, si vous saviez comme j’ai trainé les pieds pour aller jusqu’à l’église et réussir enfin à sortir au prêtre ce qui me rongeait le cœur. Sans le Seigneur, je n’y serais jamais arrivée…

    A vous tous, je voudrais vous partager ce court et simple article pour vous dire à quel point vous êtes des gens géniaux, le Seigneur nous aime tous autant, tous égaux à ses yeux. Continuez à priez ! La prière ne s’arrête jamais.

     

     

     

    (en m’excusant pour ce cours article, un plus gros viendra la semaine prochaine)


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  • Me revoilà ! Après ma longue période d’absence, je suis de retour sur le blog « Mad raconte ».

     

    Comme vous le savez tous, la période de janvier/février est la pire en ce qui concerne les études car les profs ont une soudaine envie de se déchainer sur la quantité de travail à faire à la maison. D’autant que le bac blanc arrive à grands pas pour moi, une nouveauté qui comme chaque nouveauté chez moi, va s’accompagner d’un grand stress.

    Samedi 6 février, j’ai retrouvé Erwan à Lyon pour la journée. Il venait rendre visite à ses cousins qui y habitent. On a forcément profité de l’occasion pour passer une journée ensembles.

    Cette journée fut grandiose. J’ai pu profiter de lui comme je n’en avais encore jamais eu l’occasion car pour la première fois, nous serions une journée entière seulement nous deux sans croiser une seule personne que nous connaissons.

    Je suis arrivée de bonne heure à Lyon (10 heures pour un samedi, c’est très tôt). Erwan était déjà là depuis hier soir.

    Nous nous sommes retrouvés devant l’église de Lyon-Centre (l’église où Glorious anime nos messes tous les dimanches soirs, pour les connaisseurs).

    Les retrouvailles furent merveilleuses ! Nous ne nous étions pas vu depuis presque un mois. Tout me manquait chez lui, sa voix, son visage, son sourire, ses yeux, sa tendresse, sa grâce, sa galanterie, ses baisers, ses je t’aime… Je n’avais qu’une hâte : être dans ses bras.

    Lorsque je l’aperçue devant l’église m’attendant calmement (alors que j’avais un quart d’heure de retard à notre rendez-vous), je le dévorais du regard tout en m’avançant doucement vers lui. Arrivée à sa hauteur, Erwan posa sa main sur mon épaule me regarda fixement et m’embrassa très simplement mais si tendrement. Puis il me prit dans ses bras et me chuchota timidement à l’oreille que « je lui avais beaucoup manqué et qu’il était heureux de me retrouver ».

    Ces retrouvailles furent si belles que j’aurai aimé qu’elles durent éternellement…

    Nous avons commencé notre journée par une balade dans le parc de la Tête d’Or, tout était si romantique. Nous marchions l’un à coté de l’autre, se racontant tout ce que l’on raconte à quelqu’un que l’on aime. Nous marchions, heureux et fiers de l’autre. Sans encore oser se donner la main devant les quelques personnes qui faisaient également leur balade matinale. Quelque peu de timidité se ressentait encore en nous, nous voulions garder notre amour, rien que pour nous. Et cela nous gênait parfois de se montrer, ne serait-ce qu’un petit peu devant les gens.

    Pour le déjeuner, Erwan fit les choses très bien. Il m’invita au restaurant et je n’eu pas même le droit de donner un euro au serveur, c’était lui qui offrait le déjeuner et il ne voulait absolument pas que j’y participe.

    Cette journée fut si belle. J’ai pu profiter d’Erwan comme je le voulais mais le temps avec lui passe toujours trop vite. Maintenant qu’il est repartit, cela fait seulement deux jours, et j’ai pourtant l’impression que l’on ne s’est pas vu depuis deux semaines…

    Ma vie tournait parfaitement bien, j’aimais Erwan, Erwan m’aimait, je venais de passer une journée remplie d’amour avec celui qui a fait changer ma vie depuis quelques temps. Je rentrais à la maison ce samedi soir, heureuse d’avoir passée une si belle journée avec lui, j’étais encore sur mon petit nuage, dans mes rêves, indirectement j’étais encore dans ses bras à profiter de lui.

    Quand tout cet instant de bonheur s’écroula. Au moment où j’ouvris la porte d’entrée de la maison, j’aperçue Grand-Maman les larmes aux yeux se tournant vers moi quand elle entendit le grincement de la porte.

    Aucune question n’avait besoin d’être posée, j’avais compris. Prosper venait de monter au ciel.

    Je suis partie m’isoler dans ma chambre pendant un certain temps attendant que quelqu’un vienne frapper à ma porte. Le premier fut Foucauld. Son visage rouge de tristesse et de larmes me regarda un cours instant quand il me prit dans ses bras pour essayer d’apaiser ma tristesse qui était tout aussi grande que la sienne. A ce moment, Thaïs arriva et dit :

    « -Je ne sais pas comment Oncle François et Tante Domi vont réussir à surmonter ce chagrin, j’ai envie de les appeler pour leurs dire que je pense à eux, que je veux les aider, que je prie pour eux…

    -Tu as raison Thaïs, fait le, ça ne pourra que leurs faire plaisir

    -Je ne sais pas si c’est une bonne idée, peut-être qu’étant à leur place, je préférerai qu’on me laisse seule.

    -Ne pense pas à la place des autres ma Thaïs. C’est la première chose à ne pas faire. Je pense qu’il faut avoir l’audace d’oser. Oser être là en se disant que si l’on a peur d’en faire trop, on n’en fait jamais assez. Je pense que la plus grand souffrance quand on perd un proche, c’est le silence que les autres peuvent avoir. Il faut oser considérer la personne touchée comme une personne humaine et pas uniquement une personne touchée par une épreuve, ne pense pas que le centre de leur vie est cette épreuve, il reste énormément de belles choses chez Oncle François et sa femme. Partage ton bonheur ma Thaïs, je t’assure que le bonheur est très contagieux, cela va les aider à avancer.

    -C’est vrai ce que tu dis Mad, je vais les appeler tout de suite.

    -Je suis certaine que ça leur fera plaisir ».

     

    Thaïs a donc parlé longuement avec Tante Dominique qui est une femme extrêmement forte et qui connait beaucoup l’épreuve depuis très jeune.

    Ce soir, seule dans mon lit, je confie mon petit Prosper au Seigneur. Lui qui a décidé de le rappeler près de lui, qu’il le garde sous son bras avec une tendresse et un amour encore plus fort de celui qu’il aura pu trouver sur terre.

    Même en pleine prière, avec le Seigneur à mes côtés, j’ai du mal à retenir mes larmes. Je crois d’ailleurs que c’est le moment propice. Il est à côté de moi et me dit : « Vas y Madelaine, pleure, cela va te faire du bien. Ton cousin te verra du ciel et il te sourira ».

    Ce soir, le Seigneur était avec moi et je savais qu’il avait déjà accueilli Prosper au paradis. J’ouvris donc l’évangile du jour sur mon iphone, la lu dans ma tête dit à voix haute :

    « Seigneur, merci pour mon amitié avec toi, merci pour la bonne santé que tu m’offres, merci pour le courage que tu m’offres dans ces moments, merci pour la chance que j’ai d’être ce que tu as choisi que je sois.

    Seigneur, pardonne-moi pour tous mes péchés, pour mes égoïsmes, pour mes manques de patiences.

    Seigneur, je t’aime, donne moi de quoi avancer dans ces moments, donne le plus grand courage qu’il soit à Oncle François, Tante Dominique, Henri et Cyriaque. Protège les et accompagne les dans le chemin difficile qu’ils vont rencontrer prochainement ».

    23h16, prière terminée. Je m’apprête à éteindre mon portable quand je reçois un sms d’Erwan qui m’envoie :

    « Bien rentrée ma chérie ? »

      Spontanément, je lui réponds :

    «-Oui, merci pour cette superbe journée mon Erwan, j’aurai simplement préféré qu’elle s’achève plus joliment. Mon cousin Prosper est décédé en fin d’après-midi

    Oh non, la vie est trop injuste ! Je suis de tout cœur avec toi Madelaine, si ça ne va pas, appelle-moi, n’importe quand, n’importe où, à n’importe quelle heure, je serai là pour toi. Je prierai très fort pour ta famille ce soir. 

    -Merci mon Erwan, les plus malheureux sont mon oncle et ma tante ce soir, je pense. Garde-les dans ta prière 

    -Je n’y manquerai pas. Bonne nuit Madelaine, je t’aime fort et n’hésite pas si tu as besoin de moi, je suis là.

    -J’ai chaud au cœur, bonne nuit mon amour <3 »

    Cette petite conversation sms me redonna un peu de lumière en ce soir si sombre.

    Avant de m’endormir, je glissai juste un petit sms à Oncle François :

    « Bonne nuit à tous les deux, gardez la foi et l’espérance, ce sont les seuls chemins qui peuvent vous aider à avancer. Je prie très fort pour notre Prosper. Embrassez Henri et Cyriaque particulièrement pour moi. Je vous aime, Mad. »


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  • Noël… Que de joies, de sourires, d’amours offerts pendant cette fête si importante à mes yeux.

    Ces vacances furent extraordinaires ! Nous avions tous rendez-vous à Ty Ouann pour le 24 où TOUS les cousins et oncles et tantes étaient là. Nous étions au plus grand complet, 30 dans la maison.

    Bonne-Maman nous attendait sur le pas de la porte lorsque nous sommes arrivés. Il y avait déjà les Bousset, la famille de Vianney, Diane, Léonor et Guerric. Ce sont des cousins que nous voyons relativement souvent, étant donné qu’ils habitent Lyon et que je suis dans le même lycée que Diane.

    Mais la joie de se retrouver à Ty Ouann est différente de celle de se retrouver devant une copie de philo (tout du moins pour Diane et moi).

    Quelques minutes après nous, la voiture d’Oncle Malo et Tante Elisabeth est arrivée ainsi que celle d’Oncle Loïc et Tante Delphine. La famille était au complet !

    J’ai retrouvé mon filleul chéri, Amaury ainsi que ses deux frères, Calixte et Sixte.

    Cet après-midi, rien de particulier n’était prévu. Nous avons simplement  aidé Bonne-Maman à préparer la table pour le dîner de noël pendant que les plus jeunes faisaient la sieste avant  de partir tous ensembles se promener sur la côte.

    Ce soir, nous avons la messe à 19 heures 30 et après cela, nous ouvrirons les cadeaux et finirons la soirée à table autour d’un bon dîner.

    Erwan fête également noël avec ses grands-parents de Saint-Briac donc nous allons certainement nous croiser à la messe ce soir, si tout va bien. Personne de ma famille n’était au courant à part Diane, Vianney et Foucauld. Il ne faut surtout pas qu’un adulte le sache… Cela fait déjà 4 mois que je le cache aux parents et je n’ai pas l’intention de leurs dire de si tôt.

    Nous sommes donc partit à la messe pour 19 heures 30, l’église était remplie ! Une très belle messe avec une grande file de servants d’autels, de très beaux chants traditionnels et connus de toute l’assemblée. Ce genre de chant que l’on ne chante qu’une fois par an mais que tout le monde connait sur le bout des doigts : « Il est né le divin enfant, Les anges dans nos campagnes ou encore minuit chrétien… »

    Cette messe fut magnifique et très priante !

    C’est au moment de la communion lorsque nous commencions à nous avancer vers le cœur pour recevoir la communion que j’aperçue Erwan. Il était assis au deuxième rang droit de l’église entre sa grand-mère son cousin Tanguy. Il ne m’avait pas encore vu. A cet instant, j’ai eu le droit à un large clin d’œil de Foucauld. Et Amaury (qui se trouvait dans mes bras à ce moment) me chuchota dans l’oreille « Madelaaaaine, j’ai vu le garçon qui venait chez Bonne-Maman cet été ».

    Ah mon Amaury ! Quel amour…                  

    J’ai continué à avancer vers le père pour recevoir la communion quand Erwan tourna la tête et croisa mon regard. Cela faisait déjà un mois que l’on ne s’était pas vu… J’étais heureuse.

    A la fin de la messe, nous avons discuté avec Erwan, Tanguy, Elisabeth, Agathe et Foucauld.

    La sortie de l’église commençait à se vider progressivement, chaque famille repartait vers leurs maisons, tous habillés comme pour un jour de fête. Les petites filles portaient de jolies robes avec des petits collants en laine. Les petits garçons avaient leurs premières petites chemises qu’ils montraient très fièrement car dans leur tête « enfin ils s’habillent comme Papa ».

    Les jeunes filles étaient en jupe ou robe chique avec une paire de ballerines. En fonction de l’âge, certaines portaient des talons. Les dames étaient toutes très classes, un grand manteau d’hiver, une paire d’escarpins et une belle écharpe.

    Et les garçons, les jeunes garçons portaient la chemise dans le pantalon beige avec une belle paire de mocassins en daims pour clore la beauté de ces êtres.

    Les hommes pour certains avaient un costar en plus mais cela dépendait des familles…

    Erwan était magnifique. Ses yeux étaient encore plus bleus que d’habitude, il portait une chemise rouge à rayures blanches vicomte Arthur rentré dans son pantalon bleu marine fermé d’une belle ceinture de golf et pour clore le tout, il portait ses mocassins en daim marrons foncés que j’adore.

    Pour le peu de temps que nous avons passé ensembles le 24 au soir, je n’ai fais que l’admirer.

    Il ne restait plus que notre famille, Erwan, Agathe, Tanguy, Elisabeth et le curé sur le parvis de l’église quand Bonne-Maman dit d’une voix assez autoritaire « Allez les jeunes, on y va, la dinde nous attend à la maison ».

    Erwan m’a regardé d’un air de dire « reste encore un peu », j’ai donc répondu « Bonne-Maman, ça ne vous dérange pas si je rentre à pieds avec les Cartane car on aimerait parler un peu ? »

    « Pas de problème Madelaine, mais ne rentre pas après 21 heures » me répondit-elle.

    Ma famille partit donc. Agathe accepta gentiment de laisser Erwan et moi seuls.

    Erwan me proposa donc de me raccompagner jusqu’à Ty Ouann à pieds (nous avions au moins un quart d’heure de marche).

     

    Cette promenade m’a paru si courte… J’étais si bien à ses côtés…

     Nous avons traversé Saint-Briac dans la nuit de décembre, j’avais froid, un vent fort et très gelé me fouettait le visage, je ne sentais plus mes jambes à cause du froid qui passait à travers mes fins collants mais j’étais bien. Erwan était avec moi.

    Il m’avait tant manqué, nous avons essayé de nous raconter tout ce qu’il s’était passé pour l’un, l’autre pendant ce mois où nous nous sommes beaucoup manqués.

    On a marché près de la mer, dans le bourg de Saint-Briac puis on est arrivés un peu à l’écart de Saint-Bri (dans la campagne), on apercevait Ty Ouann tout éclairé. Le chemin de terre qui menait à la maison n’avait aucun éclairage. On était complètement seuls dans ce noir.

    Je dis donc à Erwan : « Tu peux me laisser là, ça serait trop bête que ma famille se doute de quelque chose en te voyant seul avec moi.

    -Oui, je pense que c’est plus sérieux comme ça. Ca m’a fait plaisir de te voir Madelaine, promet moi qu’on se reverra cette semaine ?

    -Je te le promets, je suis ici jusqu’au 28.

    -C’est parfait, je compte sur toi, vraiment !

    -Tu peux compter sur moi Erwan »

    N’ayant même pas le temps de terminer ma phrase, Erwan me prit dans ses bras et m’embrassa.

    « A très vite Mad alors ! » Tout en me chuchotant un petit je t’aime dans l’oreille,  il disparu dans la nuit.

    Arrivée à Ty Ouann, ma famille m’attendait. Tous les cadeaux étaient placés sous le sapin, les toasts de foi gras, de saumon et de tarama n’attendaient que nous pour les manger.

    Cette soirée fut extraordinaire. Le salon était partagé entre les discutions d’adultes « sur leur dur travail qui leur prend beaucoup de temps », les cris de joies des plus petits qui venaient d’ouvrir leurs cadeaux ou encore les discutions de nous mêmes qui comparions leurs cadeaux.

    Bon-Papa et Bonne-Maman m’ont offert une très belle écharpe burberry. Papa et Maman m’ont offert une belle montre Daniel Wellington et Fabio et Foulques m’ont offert une cape.

    A propos de Fabio et Foulques, ils ont quelque chose à nous annoncer ce soir.

    C’est au dîner que Fabiola prit la parole sous les souhaits de mon grand-père et dit :

    « Je pense que ce moment est idéal pour vous annoncer ça car toute la famille est réunie, il ne manque absolument personne. C’est un soir de joie donc je vais rajouter de la joie à notre soirée, je suis enceinte depuis 1 mois ».

    Des applaudissements lancés par Antime, des « FELICITATIONNNNS » très forts lancés par Bon-Papa et ses fils, des « bravooooo » de la part de mes sœurs retentirent dans toute la pièce.

    Je suis tellement heureuse, ma sœur va avoir un enfant au mois d’août, quelle joie ! Je vais être tante à 18 ans ! Comme je suis heureuse pour eux…

    Après ce dîner de trois heures avec ces sourires, ces discutions, ces discours, ces rires interminables, nous retrouvions notre dortoir du grenier vers 2 heures. Demain c’est journée en famille.

    Le 25 décembre fut un réel havre de paix. Notre famille était heureuse. Bon-Papa et Bonne-Maman n’avaient jamais été aussi heureux d’avoir tant de monde à Ty Ouann pour noël. Fabiola nous montrait ses talents de pianistes dans la salle de jeu qui depuis son mariage, ne cessaient de croître. Vianney accompagnait les plus jeunes garçons à tester leurs voitures ou hélicoptères télécommandés sur les chemins de la propriété. Diane et Gabrielle aidaient Tante Elisabeth à pouponner notre nouveau petit cousin, Sixte. Tandis que j’aidais mon filleul Amaury à installer sa poste playmobil que je lui avais offert pour noël.

    J’ai revu Erwan pendant les vacances à Saint-Briac. Les Cartane nous ont gentiment invité Diane, Foucauld, Vianney, Gabi et moi à dîner chez leurs grands-parents.

    Je n’y avais encore jamais été. C’était une grande maison en pierres sur la côte. La vue de leur salon était magnifique.

    Nous avons passé une très bonne soirée. Nous étions les seuls jeunes dans la maison, les adultes étaient partis au cinéma. Il y avait seulement les 4 enfants Cartane (Erwan, Agathe, Marie-Pia et Jaques). Ces enfants sont si beaux. 4 bruns bronzés aux yeux très bleus…

    Nous avons diné tous les 8 : Vianney, Foucauld, Gabi, Erwan, Agathe, Marie-Pia, Jaques et moi.

    Après le dîner, Agathe a mis un film à Marie-Pia et Jaques, histoire d’avoir la paix pour la soirée.

    Nous avons sorti un jeu de tarot avec une petite bouteille de rouge. J’ai beaucoup profité d’Erwan, même si c’est très différent quand nous sommes avec les autres. Mais cette soirée était géniale.

    Après ces bons moments à Saint-Briac, il nous a fallut rentrer à Lyon, à notre plus grand désespoir…

    Nous sommes arrivés à Lyon le 27 décembre et le 28, nous fêtions noël chez Grandpa et Grandma. Cette journée fut également très belle. Cela nous a fait plaisir de tous nous retrouver.

     

    Le soir de la Saint Sylvestre, une terrible nouvelle arriva à la maison. Ce soir, peu de temps avant que je parte réveillonner chez Albéric, un ami du lycée, le téléphone a retenti dans la maison. C’était Grand-Maman. Thaïs fut la première à recevoir cette terrible nouvelle car c’est elle qui décrocha le téléphone en première.

    Grandma ne voulait pas gâcher notre réveillon mais elle pensait que c’était important de le savoir. Prosper venait d’entrer dans le coma et les médecins ne pourraient désormais plus rien faire pour lui.

    Lorsque j’entendis cette nouvelle, je partie me réfugier en courant dans les bras d’Antîme  puis je pris mon portable de ma main tremblante. J’essayais de déverrouiller péniblement l’écran tactile de mon téléphone qui était déjà rempli de larmes. Quand je réussi à me calmer un peu de cet évènement qui était vraiment très dur. Je finis par envoyer un sms à Oncle François : « cher Parain, je viens d’apprendre cette terrible nouvelle pour Prosper, je ne peux retenir mes larmes. Je redouble mes prières pour vous. Bon courage à Tante Dominique et à toi. Embrasse Henri et Cyriaque. Vous devez être plus forts que jamais. Je vous aimes »

    Après ça, je suis partie retrouver Papa dans le salon qui jouait calmement aux cartes avec Augustin. Tous les deux ne se doutaient encore de rien. Quand ils apprirent la nouvelle, les 7 cartes qu’ils tenaient dans leurs mains tombèrent brutalement sur la table basse du salon.

    Nous n’avions tous qu’une seule envie ce soir, c’était de revoir le petit corps de notre cousin. Avant qu’il monte retrouver le Seigneur au ciel. Sa vie aura été trop courte…

    Papa nous a quand même donné le mot d’ordre suivant : « Les enfants, c’est très dur pour nous tous ce soir. Prosper va mourir, nous le savons. Mais n’oublions pas de sourire dans ces moments mes amours. Le Seigneur est là pour nous aider. Nous allons tous monter faire une prière dans l’oratoire et après cela, chacun partira à son réveillon comme tout était prévu. Ce n’est pas une bonne solution de rester ici ce soir à se regarder pleurer ».

    Nous sommes donc montés tous les 9 au deuxième étage pour confier notre prière au Seigneur.

    Maman commença par un chant. Augustin alluma ensuite une petite bougie au pied de la crèche. C’est finalement Antîme qui prit la parole et dit « Seigneur, protège notre Prosper. Nous savons que la maladie a réussi à passer au dessus de la médecine mais accueille-le près de toi quand il en sera question. Seigneur porte particulièrement ce soir Oncle François et Tante Dominique ainsi qu’Henri et Cyriaque. »

    Dans mon cœur, ma prière fut encore plus forte que celle de mon frère. Je le priai le plus fort possible.

    Après cette triste mais belle prière en famille, nous sommes chacun partis réveillonner de notre côté.

    Foucauld partait réveillonner chez une bonne amie de son école. Il me déposa donc en voiture chez Albéric au passage. Le trajet se fut dans un silence absolu. J’essayais simplement de me remaquiller légèrement dans le miroir de la voiture car mes larmes de tout à l’heure avaient fait couler mon mascara.

     

    J’ai passé un bon réveillon, malgré tout. J’ai essayé de garder le sourire. J’ai d’ailleurs réussi. Je n’ai pas voulu penser à Prosper afin de profiter de ma soirée au maximum. 

     

     

    Et à vous tous chers lecteurs, je vous souhaite une très belle année, que la paix soit sur vous, que le Seigneur vous protège en cette année. Merci à vous tous qui me permettez de faire connaitre mes écrits. 


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  • La Bretagne, ça y est, c’est arrivé !

    Nous voilà à Ty Ouann avec Bon-Papa, Bonne-Maman et les cousins. La bonne ambiance est assurée pour au moins un mois dans cette maison. Les va et vient des uns, des autres, les cris des plus jeunes, les rires des plus âgés… J’attendais ces vacances avec tant d’impatience.

    D’autant plus qu’en rentrant de la croix Valmer, j’ai reçu un texto d’Erwan me disant :

    « Je suis chez mes grands-parents à St-Briac jusqu’à la fin du mois, dit moi quand tu arrives pour qu’on essaye de se voir avec Agathe et Foucauld ».

    Cela m’a réjoui d’avance.

    Je pense qu’il y a de grandes chances que l’on se croise car St-Briac n’est pas bien grand.

    Je suis arrivée à Ty Ouann le 11 août. Les retrouvailles furent grandioses, d’autant que je retrouvais certains de mes frères et sœurs que je n’avais pas vu depuis mon départ en camp, comme Antîme, Aliénore et Augustin. Cela m’a fait plaisir de les retrouver.

    J’étais heureuse aussi de retrouver ma Thaïs que je n’avais pas vu depuis mon départ aux Glénans.

    J’ai bien sûr retrouvé le garçon le plus important pour moi, mon frère Foucauld ! Il avait pleins de choses à me raconter (il en était de même pour moi). Pour inaugurer nos retrouvailles, nous sommes partis à vélo à la plage de la Salinette (une petite plage de St-Briac) où nous avons fait notre baignade habituelle et nous en avons profité pour se raconter nos petites vies.

    Foucauld avait passé une merveilleuse semaine avec ses amis où ils ont beaucoup navigué. Après ça, il est allé à Reims voir un ancien copain du lycée où il en a profité pour voir Erwan et Agathe.

    Après cette promenade avec Foucauld, nous avons repris nos vélos et sommes rentrés à Ty Ouann.

    Ce soir là, j’étais heureuse, j’étais en Bretagne au milieu de ma mer, de mon sable, de mes rochers, de mes voiliers, de mes vagues, des mes grands-parents, de mes parents, de mes frères et sœurs, de mes oncles et tantes, de mes cousins et rien au monde ne peut me rendre plus heureuse que cela.

    Je venais d’avoir mon parrain François au téléphone qui m’annonçait que Prosper allait mieux. Il était sorti de l’hôpital, au moins pour le moment.

    Foucauld m’avait d’ailleurs longtemps parlé de Prosper ce soir à la Salinette, il m’avait dit qu’il ne pensait pas que Prosper puisse s’en sortir car il n’avait que 4 mois. Pour lui, il est trop faible pour surmonter un cancer, il m’a d’ailleurs confié que tout le monde le savait dans la famille, mais que personne n’osait l’avouer car c’était trop dur à entendre. Il m’a aussi expliqué que Prosper avait des hauts et des bas dans sa maladie et que nous ne pouvons rien faire car nous n’avons aucune capacité de médecine mais nous pouvons au moins prier. J’ai pleuré en entendant Foucauld m’avouer toutes ces vérités que je pressentais à l’intérieur de moi mais que je n’osais dire par peur de blesser ma famille. Ce n’était pas le moment de se mettre à désespérer car pour le moment, notre petit Prosper est toujours en vie, il faut juste lui rendre une vie heureuse, pour ce qui lui reste, au moins pour ça. En attendant, c’est les vacances en Bretagne alors, oublions les malheurs trois semaines de notre vie afin de profiter au maximum.

     

    Ce mois s’annonce déjà bien. Toutes les après-midi, Diane et moi avons rendez-vous à 14heures, au club de voile de Saint-Briac.

    Cette semaine, nous sommes  un peu plus que de simples stagiaires. Nous avons décidé d’être « aide mono ». Ce qui veut dire que nous nous occupons de tout l’entretien du club lorsque nous sommes à terre mais nous naviguons aussi pas mal. Nous avons même l’occasion de donner quelques cours particuliers aux plus jeunes.  C’est fort sympa.

    Je ne pourrai vous raconter tout le mois d’août dans mon article car il y en aurait trop mais je peux vous raconter les meilleurs moments, comme ce soir là :

    Notre journée de voile de vendredi 14 août terminée, il était 18 heures quand nous sommes rentrées à vélo chez Bon-Papa et Bonne-Maman. A peine arrivée dans la propriété, Foucauld nous sauta au cou pour nous annoncer que ce soir on avait rendez-vous avec les Cartane (Agathe et Erwan). Il les avait croisé dans le bourg et ils leurs avaient proposé de se voir ce soir vers 21heures à la plage du perron. Erwan et Agathe sont avec deux cousins de nos âges qui seront là et viendront avec nous. Diane, Vianney et Gabrielle, trois de nos cousins se joindront à nous également.

    Il n’y avait même pas besoin de demander aux grands-parents, on connait leur réponse : « Allez y, c’est de votre âge ! Profitez de votre jeunesse les enfants ». Pour ce genre de questions, les grands-parents sont toujours plus cools que les parents.

    Nous sommes donc partis avec Foucaud, Diane, Vianney et Gabrielle.  Arrivés à la plage du perron, ils n’étaient pas encore là. Je commençai à angoisser un peu à l’idée de revoir Erwan, même s’il ne se passait rien entre nous, je ne savais pas comment me comporter avec lui, d’autant plus que je ne savais absolument pas ce qu’il pensait de moi.

    Quelques minutes après notre arrivée, on vit un groupe de 4 jeunes marcher en direction de la plage. C’était eux.

    Trois groupes distincts se formèrent très vite, Erwan et Foucauld qui marchèrent loin devant, Agathe et ses cousins ; moi-même et mes cousins.

    Les garçons nous ont proposé de nous asseoir dans le sable. Je me suis arrangée pour me retrouver assise à côté d’Erwan et c’est lui qui a engagé la conversation entre nous deux :

    « -Merci beaucoup pour ta réponse de lettre Madelaine pendant ton camp, je ne m’y attendais pas, je pensais que tu n’aurais jamais le temps…

    -Je peux prendre le temps quand il le faut, ça m’a fait plaisir.

    -Et la Croix Valmer ? Ça s’est bien passé ?

    -C’était extra ! J’ai pu bien profiter de mes grands-parents et des cousins.

    -Super ! Et la ville est sympa ?

    -C’est vraiment super joli, les plages sont très grandes et les côtes sont remplies de végétation, ça change vraiment de la Bretagne ».

    Cette soirée fut une des meilleures de ce séjour. Nous avons fait connaissance avec les cousins des Cartane, ce fut très joyeux (avec l’aide de notre bouteille de vodka). J’ai été contente de profiter de chaque instant près d’Erwan.

    Pendant la soirée, vers 23h30, alors que le groupe commençait à s’éparpiller sur la plage car lorsque l’on boit, on a très vite la bougeotte… Erwan m’a proposé que l’on aille parler tous les deux un peu plus loin, j’ai rapidement accepté.

    Nous sommes partis une heure vers la place de l’église de St-Briac et nos conversations furent très remplies ! A commencer par se raconter en détails nos semaines de vacances précédentes (comme des meilleurs amis qui s’étaient toujours tout dit), il m’a raconté qu’il avait passé une superbe semaine à La Baule, je lui ai parlé de mon camp, des joies, des pleurs de ce camp, des bons moments, des souvenirs que je garde toujours… Je lui ai aussi parlé de Prosper et il m’a parlé de la maladie de sa grand-mère…  Une heure après, nous retrouvions les autres sur la plage.

    Sur le chemin du retour, Erwan m’a enfin avoué ce que j’attendais depuis longtemps. 

    Il m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit : « Madelaine, je ne suis pas très habile pour ce genre de choses, ça ne m’arrive jamais d’ailleurs mais je crois que je suis réellement tombé amoureux de toi. »

    Sous le choc de cette émotion, j’ai essayé de retenir mon souffle, mon rire ou tout simplement ma joie. J’ai simplement répondu :

    « Cela me fait très plaisir mais laisse moi réfléchir, je n’ai pas l’impression de te connaitre assez pour le moment ». (Dans ma tête, je m’insultais d’idiote en pensant que je passais à côté de quelque chose à cet instant présent).

    Nous sommes repartis vers les autres, heureux et déçus.

    Cette soirée fut inoubliable. Je revois encore ses yeux bleus rivés sur les miens, je revois sa petite voix tremblante du garçon timide, je sens encore le vent frais d’une soirée d’été à St Briac… Si cette soirée était à refaire, je dirai oui sans aucune hésitation et lui sauterai dans les bras. Mais ça ne s’est passé ainsi car je suis une fille timide, qui, comme lui, n’ai pas l’habitude de ce genre de moments.

    La semaine à Saint-Briac s’est déroulé, comme toujours dans une réelle ambiance de vacances.

    Chaque matin, je profitais de mes plus jeunes cousins, j’apprenais même à faire connaissance avec certains. Je me suis d’ailleurs trouvé très complice avec mon petit filleul Amaury. Je ne pouvais passer une journée sans rire de ses bêtises. A 5 ans, Amaury soulevait déjà les jupes de ses cousines.

    Chaque après-midi, avec Diane, nous retrouvions notre club de voile favori. Depuis le temps, nous commençons à y faire réellement notre trou.

    Le soir, à 18 heures, Foucauld, Vianney et Gabrielle venaient nous chercher et nous retrouvions Agathe, Tanguy, Elisabeth et Erwan au bar du bout de la plage, « le dériveur ».

    Nos journées étaient bien remplies. Certains soirs, nous sortions en boîte à « La Chaum’ » de Saint-Lunaire. Vianney avait son permis et en profitait pour emmener toute la cliq.

    J’ai passé des soirées extraordinaires. Je n’ai pas donné de réponse claire à Erwan pendant notre semaine à St Bri mais je comptais bien lui répondre positivement très vite.

    Je n’avais aucune idée de la manière dont je pouvais aborder le sujet, aucune idée de sa réaction… J’ai donc attendu un peu…

    Ma réponse fut réellement claire le 28 août.

    Les vacances en Bretagne étaient terminées, nous avions retrouvé notre routine… La rentrée des classes arrivait à grands pas mais avant tout, j’attendais les 18 ans d’Erwan avec impatience.

    Je suis partie de Lyon le 28 avec Foucauld, nous avions une correspondance à Paris et sommes arrivés à Reims vers 14 heures. Pour ne pas encombrer les Cartane dans les préparatifs de la soirée, nous sommes allés chez Oncle Louis et Tante Christine qui habitent à Reims aussi.

    Je vous en avais parlé précédemment. Ils étaient à la Croix Valmer avec moi. Le couple d’oncle et tante que j’admire depuis toujours.  Nous avons profité à fond de leurs 6 mecs et Oncle Louis s’était souvenu que je lui avais parlé d’Erwan lorsque nous allions nous raconter nos vies le soir dans le bar à la Croix. Vers 20 heures 30, quand Oncle Louis nous a déposé devant la porte de la maison des Cartane, il m’a glissé un « je compte sur toi Mad » avec un large sourire, accompagné d’un clin d’œil. Que je l’aime mon oncle !

    La porte d’entrée franchie, trop de visages nous étaient inconnus, lorsqu’Agathe arriva vers nous bras grands ouverts et nous cria « Les amis !!! C’est génial que vous soyez venu jusqu’à nous, je vais prévenir Erwan ».

    Tout se bousculait en moi. J’allais revoir Erwan dans une ambiance qui était totalement différente de celle que nous avions connu à Saint-Briac.

    Puis, je l’ai vu. Il est arrivé. Il était beau. Très beau même ! Son costar le rendait très élégant, sa cravate bleue faisait ressortir ses yeux… Erwan avait gardé tout le bronzage de ses après-midis de voile.  Il serra la main de Foucauld en premier puis posa sa main sur mon épaule, m’offrit un large sourire et m’embrassa sur chaque joue.

    Plus aucun doute: j’aimais Erwan et je voulais ce soir lui faire comprendre.

    La soirée a commencé, nous avons fini par retrouver quelques personnes que nous connaissions. Elisabeth, Tanguy, Diane, Gabrielle et Vianney (en bref, notre groupe de vacances).

    La soirée avançait, personne n’osait inaugurer la piste de danse quand Foucauld arriva vers Agathe et l’invita.

    Je sentais le regard d’Erwan se tourner vers moi mais je n’osais le regarder, par peur ou par gêne, je ne savais pas vraiment…

    Quand l’ambiance commençait à se faire. Erwan profita d’un instant où je parlais avec Diane et Vianney pour m’inviter à danser sur « Partenaire Particulier ».

    Il donnait son rythme, me fit tourner, me fit sauter, mais tout en douceur. Telle est sa plus grande qualité. Il y avait la douceur de ses gestes mais aussi la douceur de ses yeux lorsque je croisais son regard.

    A la fin de cette danse, il ne me laissa pas le choix et m’emporta dehors. Les Cartane habitaient une grande maison en plein centre de Reims dotée d’un grand jardin.

    Nous avons commencé à marcher sur la pelouse grillée par le soleil du mois d’août (ce mois avait été particulièrement chaud). Il était 22 heures 30, la nuit venait de tomber. J’étais heureuse. J’avais tout pour moi ; Erwan à mes côtés. Je savais que c’était le moment pour moi de lui dire que ce qu’il m’avait confié le soir sur la plage à Saint-Briac était réciproque. Je ne savais comment commencer. Erwan l’a fait pour moi ; « Madelaine, je pense que tu sais pourquoi je t’emmène seule avec moi, je veux savoir ce que tu penses de moi maintenant, tu m’as trop fait attendre. Toute la semaine à St-Bri, tu as été adorable mais plus distante qu’avant. Nous avons moins ri ensembles. Dit moi ce que tu penses  de moi ».

    « Merci de lancer le sujet Erwan. Je brûlais d’envie de parler de ça avec toi mais je ne savais comment commencer. 

    Et comme toi, je n’ai pas l’habitude et je ne suis pas très habile en ces moments. »

    « Ça m’est égal, dit moi ce que tu penses maintenant, nous sommes seuls, personne ne sait que nous sommes là et personne ne se doute de rien. »

    Il ne m’a pas fallu longtemps pour sortir ces trois mots qu’il attendait depuis cet été :

    « Voilà, je t’aime Erwan ». Une fois ces mots prononcés, j’étais fière de moi. J’étais fière de lui aussi. Il m’a regardé (nous étions dans le noir, je n’ai pas pu admirer ses yeux comme je le fais d’habitude mais je les imaginais). Erwan a posé une main sur mon épaule et l’autre sur mes côtes puis ses lèvres sur les miennes.

    La soirée a continué, personne ne s’est douté de rien. Erwan a continué à me faire danser et cette fois-ci, nous nous lancions de réels regards amoureux.

     

     

    Dimanche matin, le surlendemain de la soirée d’Erwan, j’ai remercié le Seigneur de m’avoir offert ce garçon. Je le confiais dans ma prière et demandais beaucoup de courage pour reprendre la routine des cours.


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